samedi 30 octobre 2010

Parution de l'ouvrage de Pascale Barthélémy : "Africaines et diplômées à l'époque coloniale (1918-1957)"

4e de couverture :

De la Première Guerre mondiale aux indépendances des pays d’Afrique occidentale française (AOF), elles ne furent pas plus de mille à obtenir leur diplôme de sage-femme, d’infirmière-visiteuse ou d’institutrice. Une poignée d’entre elles vit encore aujourd’hui au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Mali, au Niger, au Sénégal ou au Togo. À partir d’archives inédites et de près de cent témoignages recueillis auprès de ces femmes dans cinq pays différents, ce livre raconte leur histoire, inconnue jusqu’ici.
Formées au sein de l’École de médecine et de l’École normale de jeunes filles de l’AOF, ces premières diplômées africaines ont occupé une place tout à fait singulière dans leurs sociétés respectives. Quelles furent leurs origines sociales, familiales et géographiques ? Dans quelles conditions ont-elles été scolarisées ?
De quelle façon ont-elles exercé leur métier et réinvesti leur capital scolaire dans le champ social, voire politique ? Quelles ont été les conséquences de leur professionnalisation dans leur vie personnelle ? Telles sont les questions auxquelles répond cet ouvrage.
À travers l’étude de la composition et de la constitution de ce groupe, par l’analyse de la place de ces fi gures de « l’entre-deux » dans des sociétés en pleine mutation, il aborde sous un angle renouvelé la politique coloniale française. Instruites et salariées, agents auxiliaires de l’action éducative et sanitaire, ces premières diplômées ont incarné de « nouvelles » femmes africaines, susceptibles de fonder avec leurs homologues masculins des « ménages d’évolués ». Centré sur la période coloniale, l’ouvrage prolonge au-delà des indépendances l’analyse des transformations induites par la professionnalisation de ces femmes. Au croisement de l’histoire des femmes, de l’Afrique et de la colonisation, ce livre contribue à montrer la complexité des rapports de domination en contexte colonial, qui ne peuvent se comprendre que par la confrontation des discours et des politiques de la métropole avec la réalité des expériences vécues.

L'auteur : Pascale Barthélémy est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’École normale supérieure de Lyon, responsable de l’équipe « Genre et société » du Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes (UMR 5190) et de l’Institut universitaire de France.

Lien aux Presses Universitaires de Rennes.





mardi 19 octobre 2010

DJ EDU - Destination Africa (BBC 1XTRA)

Emmanuel Jal & DJ Edu
Dans l'émission du 18 octobre, on pouvait entendre (entre autres):

Chris Deshield (Liberia) — I Want Some ft 2C
Damara Dik Ding (Namibia) — Botswana (feat Antie Sousa)
Jesse Jagz Vs R Kelly — Wetin Dey Vs Slow
MoKobe (Mali/France) — Mali Debout
Corneille (Rwanda/Canada)— Spending On You
Jet Set & Muss (Côte d'Ivoire) — Coupe Decale Dans La Cite
JR & HHP (Afrique du Sud)— Show Dem
Emmanuel Jal (Soudan) — Many Rivers To Cross
Allan Toniks (Ouganda) — Nzewuwo
Cindy (Zimbabwe) — Zuva Rimwe
Ziqo (Mozambique)— Ama Baby
JJC (Nigeria/UK) — We Are Africans


mardi 28 septembre 2010

Soutenance de thèse d'Amadou Ba le 29 septembre

Amadou BA
soutiendra sa thèse
Des Sénégalais à Madagascar : Militaires ouest-africains dans la conquête
et la colonisation de la Grande-Île (1895-1960)
sous la direction de Madame Faranirina RAJAONAH
le 29/09/2010 à partir de 10h30
dans la salle des thèses de l'Université Paris Diderot- Paris 7
2è étage
105, rue de Tolbiac 75013 Paris

mardi 25 mai 2010

Débat sur la recherche en histoire africaine à Paris7

L’histoire du dedans, l’histoire de dehors ? Approches de l’écriture et de l’enseignement de l’histoire de l’Afrique en Afrique et ailleurs

Jeudi 3 juin 2010, salle Jean Dresch (2ème étage), 17 h 30


Odile Goerg et le groupe Afrique-Océan Indien du SEDET vous convient à une rencontre-débat portant sur l’historiographie de l’histoire de l’Afrique. Le débat sera modéré par Jean-Louis Triaud (professeur émérite, univ. de Provence, CEMAF).

Alors que se déroulent de grandes joutes oratoires sur le postcolonial, la colonialité, l’histoire coloniale ou impériale, il est intéressant de confronter et partager nos expériences et points de vue sur l’histoire de l’Afrique telle qu’elle s’écrit dans les institutions auxquelles nous appartenons.

Interviendront :
Pierre Boilley (univ. de Paris I, CEMAF)
Maxime Compaoré (INSS / CNRST, Ouagadougou, Burkina Faso)
Catherine Coquery-Vidrovitch (PR émerite, univ. Paris 7, SEDET),
Alpha Boureima Gado (professeur, univ. Abdou Moumouni de Niamey, Niger)
Amandine Lauro (docteure de l’ULB, Belgique, post-doctorante au SEDET)
Gerd Spittler (PR émerite, univ. de Bayreuth, Allemagne).

Soutenances de thèses sur l'histoire du Niger et du Burkina-Faso - Université Paris-Diderot

Jeudi 3 juin, 9 h 30, salle des thèses
Gandah Nabi Hassane
Commerce, commerçants et entreprises au Niger de 1922 à nos jours

Codirection Odile Goerg (Univ. Paris-Diderot) Boureima Alpha Gado (Univ. de Niamey, Niger)
Jury : Boureima Alpha Gado, professeur (Université Abdou Moumouni de Niamey, Niger), Gerd Spittler, PR émerite (Univ. de Bayreuth), Issiaka Mandé, MCF (Univ. Paris-Diderot).

Vendredi 4 juin, 9 h 30, salle des thèses
Honoré Ouédraogo
Les défis de l’enseignement secondaire au Burkina 1947-1984
Direction : Odile Goerg (Univ. Paris-Diderot)
Jury : Maxime Compaoré, assimilé DR, (INSS / CNRST, Ouagadougou, B FASO), Rebecca Rogers, professeure, HDR, (Sciences de l’Education, Univ. Paris V), Issiaka Mandé, MCF(Univ. Paris-Diderot).
Accès : Immeuble Montréal - 105, rue de Tolbiac, Dalle "Les Olympiades"- 75013 PARIS
Ligne 14 : métro Olympiades

Publication sur l'Afrique à La Documentation française


Présentation de l'ouvrage :
"Les sources, tant orales, qu'écrites ne manquent pas pour écrire une histoire longue de l'Afrique. Les auteurs ont opté pour un découpage régional qui facilite la lecture d'un récit historique dense et complexe. Trois grands espaces qui ont leurs logiques historiques propres ont été ainsi identifiés :un espace occidental, lié au nord de l'Afrique et qui a connu les premières installations européennes sur le golfe de Guinée ; un espace oriental, ouvert sur l'océan Indien et le monde asiatique ; un espace central et méridional enfin, aux cultures diversifiées. Ces trois ensembles ont été étudiés du VIIIe au XVIe siècle - bornes chronologiques qui correspondent à des ruptures majeures avec de fortes répercussions sur les histoires régionales : - aux VIIe-VIIIe siècles, l'expansion rapide du monde arabo-musulman et l'influence qu'il commença à exercer, notamment sur le Nord et sur l'Est du continent ;- aux XVe-XVIe siècles, une autre expansion, celle de l'Europe qui modifia profondément les rapports internationaux. Des événements qui mettent en évidence que ce continent est depuis toujours partie prenante des grandes phases de mondialisation qui ont scandé l'histoire de l'humanité".
Les auteurs :
Les historiens Pierre Boilley et Jean-Pierre Chrétien du Cemaf.


mercredi 12 mai 2010

Une immersion dans le monde éotilé : le documentaire de Claude-Hélène Perrot, Anice Clément et Jacques Merlaud


Claude-Hélène PERROT

Et les réalisateurs du film Anice CLEMENT et Jacques MERLAUD

Vous invitent à la projection d’un documentaire de 52 mn. sur les Eotilé de Côte d’Ivoire

AKWABA. LES EOTILÉ A LIVRE OUVERT

Mercredi 17 novembre 2010 à 16h30

Musée du Quai Branly, salle de cinéma, entrée libre

218 rue de l'Université

75007 Paris

La projection sera suivie d’un débat avec les réalisateurs

Pour mémoire, en 2008, Claude-Hélène Perrot a publié Les Eotilé de Côte d’Ivoire aux XVIIIe et XIXe siècles. Pouvoir lignager et religion, Paris, Publications de la Sorbonne, 256 p.

mardi 11 mai 2010

Afriques : nouvelle revue en ligne


Le premier numéro de la revue en ligne Afriques, éditée par le Cemaf, porte sur "Les chemins de l'identité en Afrique du XVe au XXe siècle".









Sortie d'un ouvrage sur l'histoire contemporaine de la Guinée



Odile Goerg, Céline Pauthier et Abdoulaye Diallo viennent de publier un ouvrage sur le "Non" de la Guinée au référendum de 1958, aux éditions de L'Harmattan. Le livre est le résultat d'une table ronde qui s'était tenue en octobre 2008 à l'Université Paris 7.

vendredi 16 avril 2010

Disparition du géographe Paul Pélissier

Afin d'évoquer les apports de ce géographe spécialiste de l'Afrique, nous publions l'hommage que viennent de lui rendre Alain Dubresson et Jean-Pierre Raison sur le site des cafés géographiques.


"Paul Pélissier l’Africain

Paul Pélissier nous a quittés dans la nuit du 6 au 7 avril, après nous avoir donné un dernier exemple de lucidité, de maîtrise et de retenue, préparant sa mort comme il avait construit sa vie.

« Nous », ce sont ses élèves et collègues des Universités de Dakar et de Nanterre où le CEGAN, créé en 1972, qui fut son oeuvre, est devenu Géotropiques puis Gecko, par la vertu de regroupements autour du groupe restreint mais solidaire des « tropicalistes ». « Nous » ce sont ceux qui reçurent de lui un enseignement plus informel, « sur le terrain » et sous le karité, exercice où il excellait plus que tout autre ; ce sont les praticiens, agronomes, aménagistes, financiers gérants de projets, qui, passé le temps des dogmatismes et des modèles imposés, ont su apprécier dans le style classique d’une des meilleures plumes de la géographie française, d’un amoureux des arbres du Sahel, la pertinence d’une oeuvre qui va jusqu’aux racines pour préparer les bourgeons de demain. Le dialogue entre agronomes et géographes lui doit beaucoup. « Nous », ce sont les paysans longuement interrogés, par un
curieux qui savait les manières...

Défenseur intransigeant de l’osmose entre enseignement et recherche, tenant à maintenir au CEGAN le statut de laboratoire d’Université, il a pourtant largement oeuvré pour la recherche institutionnalisée, en étant, vingt ans durant, avec son ami et complice Gilles Sautter, créateur et animateur du comité technique de géographie de l’ORSTOM, menant à bien quelques opérations qui ont fait date comme l’Atlas des structures agraires en Afrique au sud du Sahara et le Colloque de Ouagadougou sur Maîtrise de l’espace agraire et développement en Afrique tropicale. Le renforcement de la formation à la recherche dans le troisième cycle, le souci d’établir des liens plus étroits avec les praticiens répondaient à ses voeux. Il fut de toutes nos aventures : le DEA “Environnement et développement“ à Nanterre, puis avec Paris I et l’EHESS, plus tard avec l’Agro, le DEA “Géographie et pratique du Développement dans le Tiers Monde“. Il y a quatre mois seulement, intarissable, il menait une séance de mastère.

Tant de dévouement à la cause commune gêna mais n’interrompit pas son oeuvre. Il est vrai qu’il est toujours passé pour un homme de la parole, un conteur exemplaire qui savait « perdre son temps » pour aller au fond des choses, mettre en confiance. Une première visite chez Paul prenait bien deux heures...A ceux qu’il appréciait, il était d’une fidélité sans relâche ; mais mieux valait par contre ne pas affronter son ironie. Sans doute faut-il chercher dans son extrême attention aux hommes, dans l’art qu’il avait de la transmettre, le secret de l’amitié, disons même de la complicité qui unit le groupe de ses élèves. C’est le legs d’un homme libre, ayant su rester à l’écart des dogmes, des modes et des théorisations en vogue dont il déplorait l’emprise sur les sciences sociales. Parmi ses oeuvres, qui résistent au temps, on retiendra Les paysans du Sénégal. Les civilisations agraires du Cayor à la Casamance (1966), ainsi que l’anthologie Campagnes africaines en devenir (1995). Mais il n’avait rien d’un nostalgique de la ruralité ancienne. Il accompagna la croissance urbaine en ardent avocat d’une humanité noire vivante et inventive dans les villes comme dans les campagnes [1], à contre-courant des antiennes stigmatisant les « retards » ou les « inerties » de l’Afrique, attentif aux singularités et aux dynamiques propres aux lieux et aux hommes dans leurs diversités, Paul Pélissier liait recherche et action, chevillant sans cesse géographie et aménagement. Quel plus bel exemple que la réhabilitation, par forestiers et agronomes, de Faidherbia albida, son arbre préféré, fourrager et fertilisant, qu’il sauva de l’oubli et de la destruction.

Opposée à tout enfermement identitaire, valorisant l’altérité, la pluralité culturelle, le poids des encadrements humains et du politique, sa pensée humaniste rayonne bien au-delà de sa discipline et de l’Afrique. Mais de ces autres aspects de sa personnalité et de son action nous dirons peu. Est-ce un effet de son action dans la Résistance ? Il pratiquait le cloisonnement. Il fut de très longues années et jusqu’à sa mort membre du Conseil de surveillance de l’AFD (antérieurement CCCE) et nul parmi nous ne peut se vanter de l’avoir conduit aux confidences. Son activité intense auprès des ONG fut du domaine privé. Alliant rigueur scientifique, élégance de parole et d’écriture, Paul Pélissier était un être rare, dont la noblesse tenait à l’humble manière d’être aux autres et au monde ; une manière qui n’était pas univoque, car il était capable de saintes colères, d’autant plus terribles qu’elles étaient plus rentrées contre la cuistrerie, les faux semblants, la malhonnêteté sous toutes ses formes. Il restera une référence intellectuelle et morale, un arbre indéracinable ancré dans les mémoires. ‘Que la terre lui soit légère’".
Alain Dubresson, Jean-Pierre Raison

jeudi 11 mars 2010

Lettre ouverte du politologue Jean-François Bayart à Valérie Pécresse

Le 16 février 2010, le politologue Jean-François Bayart a écrit à Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche. Nous reproduisons sa lettre qui a déjà été publiée par Mediapart.

Paris, le 16 février 2010

Mme Pécresse

Ministre de l’Enseignement supérieur

et de la Recherche

s/c M. Philippe Gillet

Directeur du Cabinet

MESR

1, rue Descartes

75231 Paris Cedex 05

Madame le Ministre,

Je me vois dans la pénible obligation de vous adresser cette lettre ouverte pour contribuer à dissiper le malaise qu’a créé, au sein d’une partie de la communauté scientifique nationale et internationale, le traitement, depuis cinq ans, de mon dossier personnel de candidature à une promotion au grade de directeur de recherche de classe exceptionnelle par la Direction générale du CNRS, dont vous exercez la tutelle.

Je ne vous demande aucune faveur ou mesure personnelle. Le moment venu, les juridictions compétentes diront s’il y a eu, comme je le pense, excès de pouvoir, et aussi abus de pouvoir et harcèlement moral à mon encontre. Dans ce cas, elles répareront le préjudice que je subis. Dans cette attente, la reconnaissance scientifique que m’accordent mes pairs et le Comité national du CNRS, seule instance légitime d’évaluation de mes activités et de ma carrière, suffit à mon réconfort. Mais la détermination avec laquelle la Direction générale du CNRS me refuse, sans explication, la promotion dont le Comité national me juge digne soulève le problème plus général de la conception de l’évaluation scientifique que le gouvernement met en œuvre. En effet, ce dernier a nommé la direction de l’institution dont je dépends, exerce son autorité directe sur elle et lui a confié la mission de réformer cet organisme. Il est donc directement engagé par ses décisions administratives.

Les faits auxquels je me réfère sont simples. Directeur de recherche de première classe, j’ai déposé une première candidature en vue de ma promotion au grade de directeur de recherche de classe exceptionnelle (DRCE) en 2005. Dès cette première candidature, la section 40 du Comité national dont je relève m’a classé premier parmi les candidats qui lui avaient soumis un dossier et a recommandé à la Direction générale ma promotion, ce qui m’a naturellement comblé. Je ne me suis pas inquiété de ne pas avoir été en fin de compte promu, car le nombre des postes de DRCE disponibles est inférieur à celui des promotions que les différentes sections du Comité national suggèrent. J’ai donc déposé une nouvelle candidature en 2006, et derechef la section 40 m’a classé premier. Cette année là, je n’ai pas non plus été promu par la Direction générale. En 2007, à nouveau classé premier par la section 40 du Comité national, je n’ai pas plus été choisi par la Direction générale, qui néanmoins a promu au grade de DRCE un autre politiste, M. Sabouret, au titre, il est vrai, de sa carrière de gestionnaire de la recherche plutôt qu’à celui de son œuvre scientifique. En 2008, la section 40 m’a une nouvelle fois classé premier, tout en recommandant que me soit décernée la Médaille d’Argent du CNRS; la Direction générale, non seulement n’a tenu compte d’aucun de ces deux avis, mais encore a promu DRCE M. Jaume, que la section 40 avait classé troisième. Enfin, je viens d’apprendre que la Direction générale a de nouveau repoussé, en 2009, ma promotion, que stipulait, pour la cinquième fois consécutive, la section 40 du Comité national en continuant à me classer premier parmi mes pairs également candidats.

En résumé, l’évaluation de mon dossier par le Comité national, je le répète seule instance habilitée, est sans ambiguïté. Dès ma première candidature au grade de DRCE, sa section 40 m’a classé premier, et a maintenu ce rang depuis cinq ans. Je précise que la composition de la commission de cette section a été entièrement renouvelée entre-temps, et que ce sont donc en fait deux commissions successives qui ont procédé à ce classement. Pourtant, la Direction générale du CNRS se refuse à suivre leur avis persistant. Son attitude à mon encontre est d’autant plus choquante qu’elle m’a préféré, au moins à une reprise, un candidat moins bien classé que moi-même, et qu’elle s’est félicitée, dans une lettre adressée au personnel en date du 9 décembre 2009, d’une augmentation de 43 postes de DRCE, dont le nombre est passé de 27 à 70.

La section 40 s’en est évidemment émue par une lettre au Directeur général du CNRS et lors d’une rencontre avec M. Bruno Laurioux, directeur scientifique des sciences humaines et sociales, lors de sa session de printemps, les 18-20 mai 2009. Si j’en juge par le compte-rendu de ladite session, ce dernier a argué de la «souveraineté de la Direction» en la matière et a déclaré que «l’excellence n’est pas le seul élément à prendre en considération». De quel autre critère M. Laurioux a-t-il voulu parler? D’après le compte-rendu, il ne l’a pas précisé, en dépit des questions insistantes qui lui ont été posées. Des compétences administratives? Mais elles entrent dans le champ de l’évaluation du Comité national, au même titre que les activités d’enseignement. En l’occurrence, je suis un chercheur qui enseigne, y compris à l’étranger, où je suis régulièrement invité et où mes travaux ont été largement traduits, notamment en anglais. En outre, j’ai dirigé le Centre d’études et de recherches internationales, l’un des plus gros laboratoires du Département des sciences de l’Homme et de la société du CNRS, de 1994 à 2000. Et ce, d’une manière telle que l’administrateur de la Fondation nationale des sciences politiques m’a proposé la direction scientifique de cette dernière à l’issue de mon second mandat, et que je figurais dans la «liste courte» des trois noms envisagés par le CNRS à la même époque pour prendre la direction du Département des sciences de l’Homme et de la société.

Je soumets donc à votre haute attention, Madame le Ministre, une double question:

1. Approuvez-vous le principe de la «souveraineté de la direction» du CNRS en matière de promotion par rapport aux délibérations du Comité national, alors que les réformes que vous conduisez, sous l’autorité du président de la République, se réclament d’une volonté d’améliorer la qualité et l’indépendance des processus d’évaluation des chercheurs et des enseignants?

2. Quels sont les critères autres que celui de l’«excellence» dont peut se targuer la Direction générale du CNRS pour ne pas tenir compte, cinq années consécutives, d’une recommandation argumentée par un rapport écrit de la section compétente du Comité national?

Vous comprendrez que la communauté scientifique française attend avec impatience votre réponse quand elle continue à douter du bien-fondé des réformes de l’Université et de la Recherche que vous avez engagées, en particulier du point de vue du respect de la liberté académique, et voit avec inquiétude un nombre croissant de présidents d’Université passer outre aux classements des commissions de spécialistes pour recruter ou promouvoir «leur» candidat à la faveur de l’«autonomie» dont ils peuvent désormais se prévaloir. Il en va également de la crédibilité internationale du CNRS et de l’Université française, que met à mal ce genre de mesures discrétionnaires. Enfin, à l’approche d’une élection à laquelle vous êtes vous-même candidate, Madame le Ministre, les citoyens ont le droit de savoir sur quelle conception précise de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ils ont à se prononcer, dans la mesure où les régions sont devenues des partenaires importantes de l’Université et des organismes de recherche.

Dans l’attente de votre réponse, et vous en remerciant par avance, je vous prie d’agréer, Madame le Ministre, l’expression de ma haute considération.

Jean-François Bayart

Directeur de recherche au CNRS

SciencesPo-CERI

56, rue Jacob

75006 - Paris

mardi 2 mars 2010

Sahara algérien : Benjamin Brower réinvestit l'histoire de la colonisation française

Benjamin Claude Brower, Assistant Professor à l'université du Texas à Austin (USA), met en lumière l'histoire de la colonisation française dans le Sud algérien dans la seconde moitié du XIXe siècle. Il a ainsi publié un ouvrage sur la question : A Desert Named Peace. The Violence of France's Empire in the Algerian Sahara, 1844-1902, Columbia, Columbia University Press, 2009, 480 p. Un éclairage bienvenu sur la colonisation française au Sahara.

Sophie Dulucq analyse la production historique sur l'Afrique durant la colonisation

Sophie Dulucq, professeure d'histoire à l'université de Toulouse-2, vient de publier un ouvrage intitulé : Écrire l'histoire de l'Afrique à l'époque coloniale (XIXe-XXe siècles), Paris, Karthala, 2009, 336 p. Une immersion instructive sur les conditions et les changements dans la production historique sur l'Afrique durant la phase coloniale.




dimanche 28 février 2010

Klara Boyer-Rossol interpelle Valérie Pécresse sur les conditions de recherche et le statut précaire des doctorants et jeunes chercheurs

L'historienne Klara Boyer-Rossol nous transmet une lettre qu’elle a envoyée à Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, le 24 février 2010, et publiée notamment par Libération dans son édition du 27 février. Elle y dénonce la dégradation des conditions d'étude et de recherche des doctorants et jeunes chercheurs.

Paris, le 22 février 2010

Madame la Ministre,

Je me permets de vous écrire afin de vous adresser mon témoignage sur la condition actuelle des doctorants en France.

Il est précisément 22h30, après une journée de travail à temps plein (un travail alimentaire il va sans dire), je commence la deuxième partie de la journée, consacrée à mes activités de recherche. En quatrième année de doctorat, je devrais m’investir à la rédaction de ma thèse, mais par manque de temps et de moyens, j’essaye seulement de maintenir ces activités.

Certains jours, je puise ma volonté de persévérer dans mon intérêt constant pour la recherche, d’autres jours, je m’appuie sur ces longues années de travail acharné pour relancer ma motivation. D’autres jours encore, je continue à travailler doublement pour le simple principe d’avoir payé 552 euros à la rentrée universitaire. Enfin, certains soirs comme ce soir, je peine à trouver du sens à cette situation. Je dresse un premier bilan : un parcours universitaire honorable, mené dans une perspective de professionnalisation (publications, interventions en conférences, terrains, enseignement…), des résultats encourageants et malgré tout ce travail, toute cette volonté déployée, je ne sais pas même comment je vais pouvoir matériellement finir ma thèse.

Je suis de cette majorité silencieuse qui n’a pas eu d’allocation de recherche et qui jongle quotidiennement entre activités rémunérées et études que l’on doit soi-même financer. Je suis de cette majorité silencieuse qui ne bénéficie d’aucun vrai statut (salariée tout en étant toujours étudiante, je ne bénéficie ni des avantages des travailleurs ni de ceux des étudiants telles que réductions, etc…). Je suis de cette majorité silencieuse qui perçoit ses débouchés comme un brouillard épais.

Ce dernier sentiment est particulièrement vivace chez mes collègues en sciences humaines. Pourtant, à l’heure des débats sur l’identité nationale ou autres polémiques médiatisées, ce sont bien les chercheurs en sciences humaines - historiens, sociologues, anthropologues - qui sont sollicités pour tâter le pouls de notre société. Je suis un de ces futurs docteurs en sciences humaines, j’ai un niveau bac plus 8 et, lorsque je ne troque pas un poste d’hôtesse d’accueil pour un poste de remplaçante dans une quelconque administration, ma préoccupation quotidienne est de trouver un énième prochain CDD – les congés payés ne font pas encore partie du vocabulaire des doctorants.

On entend parler de milliards d’euros que le gouvernement serait prêt à débloquer pour financer l’Enseignement Supérieur et la Recherche. Moi, je voudrais seulement savoir comment payer mes factures et soutenir ma thèse.

En aucun cas, mon intention est de dépeindre un portrait misérabiliste de ma situation. J’ai fait le choix de m’engager dans la recherche, et je l’ai fait avec conviction. Je crois en mes aptitudes et compétences de jeune chercheur comme en ceux de nombreux de mes collègues, je crois en la qualité de la recherche francophone et en sa production scientifique. Seulement, je m’interroge sur son devenir. Qu’en est-il, Madame la Ministre, lorsque finalement la seule perspective qui s’offre à un(e) doctorant(e) français(e) est de se tourner vers l’étranger pour espérer vivre de son travail ?

Je ne suis pas un chercheur de renom ou un spécialiste reconnu, je ne suis qu’une doctorante parmi tant d’autres, je ne suis pas au fait des derniers chiffres, statistiques et prévisions dont dispose votre Ministère, je n’ai rien d’autre que mon découvert à plusieurs chiffres, mes stratégies quotidiennes et un manque de visibilité à l’horizon.

Mais je continuerai demain, à mener tant bien que mal mon projet d’étude, non pas pour encadrer au mur mon diplôme, ni même pour un hypothétique débouché à la clé. Je continuerai demain parce que je crois en mon travail. Je déplore uniquement qu’en France, le pays de la Liberté, l’Egalité et la Fraternité, l’écho qui m’est quotidiennement renvoyé est celui de la Précarité.

En vous remerciant très sincèrement de votre attention, je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de mes sentiments distingués.

Klara Boyer-Rossol, doctorante en Histoire, université Paris-VII