vendredi 30 mai 2008

Appel pour le colloque sur la "Fabrique des savoirs" - 13 au 15 mai 2009


Le Colloque international sur
"La fabrique des savoirs en Afrique subsaharienne
Acteurs, lieux et usages dans la longue durée
"
organisé par :
L'Université Paris 7-Diderot / l'Inalco / l'Université de Lyon
aura lieu les 13-14-15 mai 2009

S’inspirant d’un certain nombre de perspectives ouvertes par Christian Jacob dans Les Lieux de savoirs (A. Michel, 2007), ce colloque propose de réfléchir à la construction, aux formes d’appropriation, au maniement et aux usages des savoirs en Afrique sur la longue durée. Il s’agira moins d’identifier des processus cognitifs et conceptuels que d’étudier l’incorporation et la mise en situation, par des acteurs, d’un corpus de connaissances et de pratiques spécifiques dans des contextes historiques, politiques et socioculturels variés. La notion de savoir ne se limitera pas à la sphère de l’écrit, au monde des lettrés et des scientifiques. Elle sera conçue dans une acception plus large, intégrant les compétences, les « manières de dire et de faire » (Jacob, 2007) qui déterminent des modes d’appartenance à une communauté dès lors qu’elles permettent de constituer un capital social, politique ou culturel perçu et transmis comme tel. Il ne sera pas non plus question d’opposer savoir « théorique » et « pratique » (Lahire, 2006) mais d’examiner comment les acteurs et les actrices incorporent et mobilisent, simultanément ou en alternance, différents registres de savoirs (intellectuels, rituels, corporels…) à des fins particulières. On distingue les savoirs de l’information qui fait l’objet de processus d’élaboration voisins, mais relève d’enjeux différents dans l’espace social de communication. Les organisateurs du colloque souhaitent mettre l’accent sur des modes habituellement négligés, des lieux interstitiels, voire clandestins, et des acteurs méconnus de l’élaboration des savoirs ; autant d’entrées qu’une approche par le haut néglige trop souvent. L’objectif est aussi de mieux comprendre les médiations, anciennes ou nouvelles, qui participent de la fabrique des savoirs en Afrique et ce, dès avant le XIXe siècle. Alors que l’horizon social ou politique des individus n’a cessé de s’élargir et de se complexifier, on examinera la façon dont les savoirs se sont recomposés et se recomposent aujourd’hui.
Trois thématiques seront privilégiées :
1/ Une approche sociale des producteurs de savoirs
2/ Spatialisation, supports et modes de circulation des savoirs
3/ Usages et fonctions des savoirs
Lire l'intégralité de l'Appel à communications (also in english)
(date limite de l'envoi des propositions : 30/08/2008)

Travaux consultables sur Internet (Leiden)

Le Centre d'Etude Africaine (Afrika-Studiecentrum) de Leiden diffuse sur son site des travaux de chercheurs. Plus de 80 working papers, majoritairement en anglais, sont ainsi consultables.

Hommage à Germaine Tillon à la BNF vendredi 6 juin


programme
14h - 18h
14h : Résistance et déportation avec Jean Lacouture, Julien Blanc, Laurent Douzou…
15h : Projection de films documentaires avec Germaine Tillion
15h30 : Guerre et paix en Algérie avec Benjamin Stora, Mohammed Harbi, Jean-Pierre Gonon…
16h30 : Projection de films documentaires avec Germaine Tillion
17h : A la recherche du vrai et du juste avec Jean Daniel, Tzvetan Todorov, Françoise Aubaile, Guillaume Fau

L'Afrique à l'honneur dans "La Fabrique de L'histoire" (France Culture) du 28 mai

L'émission du mercredi 28 mai 2008 de la "Fabrique de l'histoire" intitulée : "Histoire des foules" 3/4, a porté sur l'Afrique. On peut encore la podcaster.
Un reportage de Louise Olivier et Renaud Dalmar a d'abord été diffusé sur les commémorations de l’assassinat le 13 décembre 1998 de Norbert Zongo, journaliste burkinabè, directeur de publication de l’hebdomadaire L'Indépendant.
Puis, ces témoignages ont été suivis d’une discussion en compagnie d'Hélène d'Almeida-Topor et Odile Goerg. Odile Goerg est revenu sur l'histoire des rassemblements en Afrique - surtout pendant la période coloniale.
- Hélène d'Almeida-Topor est professeur émérite d'histoire de l'Afrique Noire contemporaine à l'Université de Paris 1 - Panthéon Sorbonne, et elle est membre du Centre de recherches africaines UPRESA-Mutations africaines dans la longue durée (Paris I-CNRS).
- Odile Goerg est professeure d'Histoire de l'Afrique contemporaine à l'Université de Paris 7 - Denis Diderot et membre du SEDET.

mercredi 28 mai 2008

3e Salon international des Initiatives de Paix

Le 3e Salon international des Initiatives de Paix (Rencontres internationales "Acteurs de paix pour une culture de non-violence") aura lieu à Paris (Cité des Sciences et de l'industrie, La Villette) les 30, 31 mai et 1er juin 2008. Plusieurs tables rondes porteront sur des pays africains.

mardi 13 mai 2008

Séance du séminaire "La fabrique des savoirs"

Jeudi 15 mai (14h-16h)– Savoirs et contrôle social
Coordinatrice : Pascale Barthélémy (ENS-LSH/Université de Lyon)

- Céline Badiane-Labrune (SEDET) et Etienne Smith (Sciences Po-CERI), L'étude du "folklore" par les instituteurs dans le Bulletin de l'enseignement en AOF (1930/1960)
- Cécile Van den Avenne (ENS-LSH), Quelle langue pour les tirailleurs sénégalais ? Sabir ou français standard. La politique linguistique au sein de l'armée coloniale (1914-1960)

Lieu : INALCO, 2 rue de Lille, Métro Saint Germain des Prés, Salons

Résumé de l'intervention de Céline Badiane-Labrune et Etienne Smith :
Il existe déjà de nombreux travaux sur le rôle de certaines revues (Pondopoulo 1995 et De Suremain 2006 sur le BCEHSAOF ; Piriou 1997 sur Outre-Mer), d’institutions (De Suremain 2007 sur l’IFAN) ou d’acteurs locaux (Jézéquel 1998 ; Dulucq 2006) dans la production de savoirs aofiens, mais pas d’étude spécifique sur le Bulletin de l’Enseignement de l’AOF.A partir de l’analyse systématique du BEAOF (puis Education Africaine) de 1930 à 1960, il s’agit d’étudier la production de savoirs ethnographiques par les instituteurs africains de l’AOF. Sur cette base on s’interrogera moins sur les contenus des contributions des instituteurs africains à la revue, que sur les choix des contenus et des méthodes, c’est-à-dire sur les débats qui ont eu lieu autour des savoirs à produire : le comment et le pourquoi de la fabrique des savoirs. La revue s’avère un vrai lieu de débat, voire de confrontation feutrée sur les savoirs produits, auquel les instituteurs africains ont largement participé.
On interrogera en particulier le rapport au local et son enseignement, ainsi que les controverses à ce sujet. Sous cet angle, on tentera de comparer ces débats avec l’idéologie des « petites patries » telle qu’elle a été diffusée et débattue dans le cadre scolaire en métropole (Thiesse 1996 ; Chanet 1997) et d’analyser son transfert en situation coloniale. Dans cette analyse de la production des savoirs culturels locaux, on se réfèrera également aux devoirs des élèves-maîtres des Ecoles Normales qui ont pu être consultés.Céline Badiane-Labrune a abordé ce thème à partir de son travail de thèse sur les logiques de scolarisation en Casamance et Etienne Smith, en retraçant les origines intellectuelles, le passé scolaire et les savoir-faire des promoteurs contemporains des terroirs et des parentés à plaisanterie au Sénégal, questions analysées dans sa thèse.
Résumé de l'intervention de Cécile Van den Avenne :
L’intervention se propose d’analyser la politique linguistique mise en place au sein de l’armée coloniale française, et plus précisément au sein des bataillons de tirailleurs dits « tirailleurs sénégalais » autour de la Première Guerre mondiale. La diversité des origines des tirailleurs (minoritairement sénégalais) a pour conséquence une grande diversité linguistique au sein des bataillons. D’autre part, les officiers, une partie des sous-officiers et les titulaires de spécialités techniques sont français. La question de la communication est donc à la fois un problème horizontal et vertical : elle concerne à la fois la communication quotidienne entre tirailleurs et la question, plus directement cruciale, de la compréhension des ordres. Les différents documents analysés ici rendent compte de deux types de pratique permettant l’intercommunication : d’une part l’usage de parlers véhiculaires, d’autre part l’usage de la traduction. Par ailleurs, ils révèlent, concernant le choix d’un véhiculaire, d’une hésitation et d’une pluralité de pratiques, une langue indigène pouvant être promue au rang de véhiculaire au sein de l’armée (c’est ce que nous verrons à propos du bambara), ou le français (dans une version éventuellement simplifiée) pouvant remplir ce rôle. Nous rendons compte ici à la fois d’articulations et de tensions entre ces diverses pratiques qui se révèlent à la lumière de l’engagement dans la Grande Guerre, et nous tâchons d’expliciter les conceptions anthropologiques qui les soustendent, dans la mesure où l’on peut considérer les pratiques militaires comme largement influencées par la manière dont le savoir ethnographique est en train de se constituer, au début du XXe siècle, en et sur l’Afrique de l’Ouest.
Référence principale :
C. Van den Avenne, « Bambara et français-tirailleur. Une analyse de la politique linguistique de l'armée coloniale française : la Grande Guerre et après », in Documents pour l'histoire du français langue étrangère ou seconde, SIHFLES, décembre 2005, n°35, pp.123-150.

Journée d'études Jean Suret-Canale, 26 juin 2008 Paris 7

Journée en hommages à Jean Suret-Canale, 26 juin 2008, 9h30-18h
Université Paris 7-Denis Diderot/SEDET


Pour rendre hommage à celui dont l’apport à la connaissance de l’Afrique est fondamental, géographe devenant un historien précurseur, militant mais aussi collègue à Paris 7 et ami, le groupe Afrique-Océan Indien du SEDET (CNRS-UMR 7135) organise une journée en sa mémoire le 26 juin 2008. Interviendront aussi bien des historiens que des témoins de son parcours, en Guinée, en Algérie ou en France.

Témoignages d’André Lewin , ancien ambassadeur de France en Guinée, et de Claudine Suret-Canale, sa fille

Programme (interventions prévues)
Pascal Bianchini (professeur agrégé, chercheur)
L’œuvre de Jean Suret-Canale et sa réception en France et en Afrique francophone
Céline Pauthier (doctorante Paris 7)
Jean Suret-Canale et la Guinée : présentation du fonds déposé aux archives départementales de Seine-Saint-Denis.
Sophie Dulucq (professeure, Toulouse le Mirail)
Jean Suret-Canale dans l’écriture de l’histoire de l’Afrique
Catherine Coquery-Vidrovitch (professeure émérite, Paris 7)
Jean Suret-Canale et l'histoire de l'Afrique à Paris-7
Odile Goerg (professeure, Paris 7)
La réception de Jean Suret-Canale en Allemagne
Sid Ahmed Souiah (professeur, Université de Cergy-Pontoise)
Jean Suret Canale et l'enseignement de la géographie en Algérie
Abdoulaye Diallo (doctorant Paris 7)
Les enseignants au service de la Guinée en 1958
Francis Arzalier
Jean Suret-Canale, ou comment concilier recherche scientifique et militantisme
Fanny Lalande Isnard Conakry
1959-1963 : Jean Suret-Canale « au service d'une puissance étrangère »

La journée se terminera par une table-ronde animée par Hélène d’Almeida-Topor (professeure émérite, Paris I) sur l’écriture de l’histoire de l’Afrique depuis les années 1960 avec la participation, notamment, d’Isidore Ndaywel et de Patrick Ribau.

Odile GOERG, professeure d’histoire de l’Afrique, Paris 7, coordinatrice

LIEU
Université Paris-7 Denis Diderot
Laboratoire SEDET/CNRS (Sociétés en développement dans l'Espace et le Temps)
Immeuble Montréal, les Olympiades (59 rue Nationale ou 103 rue de Tolbiac, Paris 13ème )
Métro : Les Olympiades ou bus 62
Contact : o.goerg@free.fr

Journée d'études sur les femmes malgaches dans la littérature

De l’Engagement de la Femme
Premier bilan au vu des écrits littéraires de langue malgache


Journée d'études organisée par
Le centre d’études et de recherches sur l’océan indien occidental
(ceroi)
vendredi 16 mai 2008, centre Riquet – Inalco
10, rue Riquet - 75019 Paris (métro Riquet)


PROGRAMME
Matin 10 h — 12 h 30

10. 00 h - 10 h 30
— Ouverture par M. Le Professeur Narivelo Rajaonarimanana
—Présentation de la journée par Mme Nirhy-Lanto Ramamonjisoa, Maître de Conférences, Inalco

10h30-11h Marguerite Razarihelisoa, Chercheur, Docteur ès-Sciences, Docteur ès-Lettres, Ceroi, Ramatoa Razarinia (1867-1946) : Promouvoir l’essor de la condition féminine à Madagascar, à la fin du XIXe et au début du XXe siècles.

11h-11h30 Lalaina Razanamandimby, Doctorante, Paris 7, La martyre Ranivo (1833-1854) dans l’histoire culturelle et religieuse de Lazaina (Avaradrano) sous le règne de Ranavavalona Ière (1828-1861).
11h30-12h Nirina Razaimiandrisoa, Doctorante, Inalco, De l’émancipation féminine dans les œuvres de Ramangamalefaka (1888-1939).

12 h - 12 h 30 Discussion

Après-midi 14 h 30 - 17 h

14h30-15h Razafimahatratra François-Xavier, Chercheur, Écrivain, Président de l’UPEM-France, Le personnage féminin dans les œuvres des romanciers malgaches de la première génération.

15h-15h30 Charles Mattern, Chercheur indépendant, Madagascar : consciences de femme, un engagement au quotidien.

15h30-16h Malanjaona Rakotomalala, Enseignant Chercheur, Inalco, Ceroi, La femme et le magico-religieux à Madagascar.

16h-17h Discussion
Conclusion

Contact : Mme Nirhy-Lanto (s.nirhylanto@free.fr)) ; tél. 01 43 53 42 92 / 06 85 40 59 99

Les massacres de mai-juin 1945 dans le Constantinois vus par l’Office of Strategic Services (O.S.S.) 1 - Jean-Louis Planche

NB : le texte qui suit est une version inédite d'un article de Jean-Louis Planche (jlp7@wanadoo.fr) présenté au colloque de Guelma des 6 et 7 mai 2008. L'article est diffusé en trois parties. Vous pouvez vous adresser directement à l'auteur pour obtenir une intégrale au format classique.
En mai et juin 1945, Alger reste le poste le plus important dans le monde, après Paris, de l’Office of Strategic Services (O.S.S.), la plus vaste agence de renseignement des Alliés, et la première dont les Etats-Unis se soient dotés. La Seconde guerre mondiale n’est en effet pas achevée, elle se poursuit dans l’Océan pacifique, et nul ne sait quand elle se terminera. Personne n’a entendu parler de la bombe atomique, et ceux qui sont informés ignorent quels seront ses effets. Pour l’opinion, la défaite du Japon sera longue à obtenir, île après île, et la guerre s’achèvera sans doute en 1946, voire 1947, peut-être en 1948.
L’O.S.S. demeure donc très active. Il lui est essentiel de savoir ce qu’il se passe en Algérie, sa base arrière pour l’Europe d’où est partie la reconquête par le Sud. Les massacres de mai et juin 1945 dans le Constantinois ont si vivement intéressé l’agence que dès le 17 mai, elle a compris ce dont il s’agissait, ainsi que le montre cette étude appuyée sur une série de rapports envoyés entre mai et juillet 1945 d’Alger à Washington, dont les plus significatifs ont été extraits.
L’O.S.S. en Algérie
Avant d’analyser ces textes, il est nécessaire de présenter l’O.S.S., son personnel et ses méthodes de travail, afin de juger la qualité des renseignements qu’elle recueille
[i]. En dehors de quelques spécialistes, l’agence est mal connue en France. Elle est le plus souvent ignorée, sinon des lecteurs de romans d’espionnage[ii]. On ne saurait s’en étonner, dans le climat d’anti-américanisme de l’après-guerre, ce silence sur l’O.S.S. permettant de valoriser les exploits du B.C.R.A. (Bureau central de renseignement et d’action) de la France Libre, non négligeables certes, mais forcément limités par le manque de moyens des Gaullistes.
L’O.S.S. est le premier service général de renseignement (Joint Intelligence) des Etats-Unis qui n’en avait aucun jusqu’à Pearl Habor, en décembre 1941. Après ce désastre, le président Roosevelt fait créer l’O.S.S., avec l’aide et le soutien des alliés britanniques (Intelligence Service), malgré l’opposition de l’armée, du Département d’Etat, et d’une partie de la presse. L’opposition ne cessera pas, certains journalistes influents n’hésitant pas à écrire à propos de l’O.S.S. qu’elle est une véritable "Gestapo", comparaison avec la police de l’Etat nazi qui est significative de la haine suscitée dans certains milieux.
Contrairement à ce qui est encore écrit en France, l’O.S.S. n’est pas l’ancêtre de la C.I.A
[iii]. Elle s’en différencie par de nombreux points. Ses officiers sont des universitaires, des chercheurs en sciences sociales ou en sciences exactes, des journalistes, des avocats, des hommes d’affaires, sortis des plus grandes universités. Souvent recrutés par cooptation, ce sont des "démocrates", au sens américain du terme, qui adhérent au programme progressiste de Roosevelt. Donovan, qui est à leur tête, est un ancien camarade à l’université Columbia de celui-ci. Devenu un brillant avocat d’affaire à New York, il sera fait général par le Président pour diriger l’agence.
L’agence est encore marquée par l’isolationnisme qui a été la ligne conductrice de la politique étrangère des Etats-Unis pendant deux siècles, et qui a conduit au désastre de Pearl Harbor. Elle n’a pas d’aviation, et doit demander les appareils dont elle a besoin à l’U.S. Air Force qui apprécie modérément les "hightbrows"
[iv] de l’O.S.S. Elle n’a pas de service "action" développé, bien que ce soit elle qui organise le soutien des organisations de résistance en Europe occupée par les allemands, par parachutage d’agents, d’appareils radio, d’armes et d’argent. Au premier semestre 1945, elle emploie près de 20 000 personnes.
La spécificité de l’O.S.S.est de pratiquer la Joint Intelligence, terme que l’on peut traduire en français par le traitement coordonné et continu du renseignement. Elle suppose la multiplication des sources, afin de parvenir à la densité d’informations qui permettra, par de multiples recoupements, d’obtenir le renseignement le plus sûr ; elle suppose qu’ensuite celui-ci soit diffusé de façon à parvenir aussi bien aux commandements militaires qu’aux centres de décision politiques.
Cette pratique n’allait pas de soi, ainsi qu’on l’avait vu en Algérie lors du débarquement anglo-américain en novembre 1942. L’information préalable avait été recueillie par le commandement auprès du Département d’Etat, et de la Marine et de l’Armée, chacune de ces entités ayant son propre service de renseignement, celui du Département d’Etat étant informé par l’équipe qu’avait réunie à Alger le Consul général Murphy, représentant personnel du président Roosevelt. La multiplicité de ces organes, peu portés à coopérer, favorisait l’amateurisme et le manque de fiabilité des informations. Cela explique les erreurs : sous-estimation des capacités de la défense française, refus de prolonger le débarquement jusqu’à Annaba, choix de l’amiral Darlan, etc... Le haut commandement français a pu légitimement croire jusqu’au début de l’année 1943 que les Allemands parviendraient à rejeter à la mer les Anglo-saxons.
Au premier semestre 1945, l’O.S.S. s’est enfin imposée, face aux services de renseignements concurrents dont les informations n’ont plus la capacité de brouiller les siennes. A Alger est le plus gros poste du JICAME (Joint Intelligence Collection Agency for Africa and Middle East), le bureau de renseignement O.S.S. pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Le poste est dirigé par le major W.K.Ryce qui a le titre de représentant personnel du général Marshall, le chef de l’Etat-major général des forces américaines, ce qui lui assure un poids décisif.
L’importance du poste d’Alger dans le dispositif de l’O.S.S. tient à ce que la guerre se poursuit contre les Japonais, notamment en Chine où les Etats-Unis ont pour allié le général Tchang Kaï-Chek. Les armées de cet officier général nationaliste, anticommuniste, sont ravitaillées en matériel militaire par un gigantesque pont aérien au-dessus de l’Atlantique, depuis les usines de la côte Est des Etats-Unis. Ce pont aérien se poursuit au-dessus du Sahara algérien, du désert de Libye puis d’Egypte, et il revient au poste O.S.S. d’Alger de veiller à sa sécurité. Cela explique que les effectifs du JICAME, pour l’essentiel regroupés au poste JICA d’Alger, s’élèvent à 77 officiers et civils, alors que ceux du JICA/China ne soit que de 17 hommes.
Les Américains sont donc encore très présents en Algérie au printemps 1945. Ils gèrent plusieurs aéroports, dont celui de Maison-Blanche (auj. Houari Boumédienne) qui ne sera restitué aux Français qu’au printemps 1946 et celui de Blida. Mais ils accordent aussi une grande importance aux ports d’Alger, Bougie, Annaba et Oran. Ce sont en effet les seuls ports intacts de Méditerranée occidentale en eau profonde. Ceux d’Europe du Sud sont en ruines
[v]. Les ports d’Algérie sont donc importants dans le dispositif américain de ravitaillement de l’Europe. Quant à l’Algérie, au printemps 1945, elle reçoit des Etats-Unis son lait, ses vêtements, ses chaussures, son ciment. Et l’Armée d’Afrique est ravitaillée en essence, en munitions par l’aviation américaine qui transporte également au besoin ses soldats[vi].
Ces liens de dépendance expliquent que de nombreux rapports confidentiels de l’armée française se retrouvent dans les archives américaines, et que les informations qu’ils contiennent soient complétées par de nombreux contacts verbaux entre Américains et Français. On se tromperait en imaginant que la force du dollar explique la multiplicité de ces contacts. Les Américains disposent seuls d’un produit fabuleux, issu de leurs laboratoires, le premier antibiotique, la pénicilline, qui atteint des prix vertigineux au marché noir
[vii]. La proximité des hommes de l’O.S.S. avec les Européens d’Algérie est si grande qu’il se fait même des mariages[viii].
_____________
Notes
[i]- Sur l’O.S.S., cf. AMERINGER, Charles D., U.S. foreign intelligence : the secret side of american history, Toronto (Massachusetts), Lexington Books, 1990 - RAMOS, Raphaël, De l'O.S.S. à la CIA, Montpellier, Université Paul Valéry, 2° trim. 2006, 133 p., index.

[ii] - Notamment la série publiée par Jean Bruce dans les années 1950-1960, dont le succès est liée à l’utilisation de stéréotypes combinant violence, traîtrise, sexe et alcool.

[iii] - Fermée en octobre 1945, l’O.S.S. est remplacée en janvier 1946 par le Central Intelligence Group, créé par la président Truman, véritable ancêtre de la C.I.A.

[iv] - En français, les "intellos". Plus péjoratif encore, apparaît le mot "eggheads", les "têtes d’oeufs".

[v] - Les ports d’Espagne ne peuvent être utilisés, ce pays, allié d’Hitler et de Mussolini, ayant fermé ses frontières depuis le débarquement anglo-saxon en Afrique du Nord en novembre 1942.

[vi] - 4 Dakotas de l’US Air Force mis à la disposition, par l’intermédiaire des Britanniques.

[vii] - D’invention anglaise, mais dont la production a été industrialisée aux Etats-Unis par les laboratoires Pfizer.

[viii] - Entretiens avec Mme Marguerite M..., veuve d’un officier O.S.S. épousé à Alger.

Le colloque de Guelma sur les massacres coloniaux de mai et juin 1945 en Algérie

Compte rendu du colloque de Guelma de mai 2008 par Jean-Louis Planche (jlp7@wanadoo.fr)

Pour la sixième année consécutive, les 6 et 7 mai 2008 s’est tenu à l’Université du 08 mai 1945 à Guelma, ville de 200 000 habitants sise entre Annaba (ex-Bône) et Constantine, un colloque international sur les massacres intervenus en mai et juin 1945 dans l’Algérie alors possession française. Les travaux du colloque se sont tenus dans le grand amphithéâtre d’une université qui, fondée voici à peine 10 ans, compte déjà 20 000 étudiants, demeure en chantier, et s’apprête à doubler son effectif. L’autoroute Est-Ouest qui relie la frontière tunisienne à la frontière marocaine, en voie d’être achevée, passe à 20 kilomètres.
Si le 8 mai est férié en Algérie, depuis qu’en 1962 le pays a recouvré son indépendance, ce n’est pas pour fêter la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais pour célébrer la mémoire des massacres coloniaux qui ont débuté ce jour-là. Commencés à Sétif, à 200 kilomètres, ils n’ont pas épargné Guelma, pourtant ville des plus calmes. On sait aujourd’hui qu’aucune insurrection ne s’est produite. On sait aussi que le bilan des massacres se situe aux alentours de 30 000 Musulmans tués, chiffre de l’Eglise d’Algérie. Commencés le 8 mai, les massacres ont duré en mai et juin, la sécurité des personnes et des biens revenant fin août. Si Guelma n’a pas été la plus touchée (3 000 morts), là les massacres ont été institutionnalisés par les autorités, avec tribunal et milices carmés. C’est la ville sur laquelle les historiens sont le mieux informés, les archives ayant été le mieux conservées.
Depuis six ans Guelma organise, comme Sétif, chaque année un colloque universitaire, afin d’entretenir la recherche et la mémoire, pour, ainsi que le rappelait le recteur Mohammed Nememcha, "transmettre aux générations futures les réalités de ce que fut la colonisation". Particulièrement bien accueillie, une semaine après la déclaration relative aux massacres faite dans cette même université par l’ambassadeur de France à Alger, la délégation française comptait Gilles Manceron, vice-président de la Ligue des Droits de l’Homme, Benjamin Stora et Jean-Louis Planche. François Maylie, grand reporter à l’hebdomadaire Le Point, était également présent. La majorité des communications, ainsi que des débats, s’est faite en arabe, la mise en place d’un équipement de traduction simultanée étant à l’étude, dans une université où les colloques se multiplient.

dimanche 11 mai 2008

Conférences sur l'Angola à l'EHESS les 19 et 26 mai

Conférences de Jean-Michel Mabeko Tali, professeur à Howard University (Washington) :
- Le lundi 19 mai 2008 : Entre discours et étiquettes : Identités politiques et lutte de libération en Angola (1960-1975)
- Le lundi 26 mai 2008 : La question cabindaise et le processus de paix en Angola

Dans le cadre des séminaires : Histoire de l’Afrique noire du XIXe siècle à nos jours et Frontière et dynamiques de transterritolialisation, Elikia M'Bokolo, directeur d’études à l’EHESS et Elisabetta Maino, chercheuse associée au CEAf/EHESS.
Lieu et horaires :
EHESS, 105 bd Raspail, salle 5
15h à 17 h.

Conférences au Cemaf (Centre Malher) le 13 mai

Mardi 13 mai 2008

Jean-Louis TRIAUD (Historien, CEMAf) interviendra salle Person de 10h30 à 12h30 sur le thème :
Pouvoirs islamiques et sacralité en Afrique de l’ouest

dans le cadre du séminaire :

Pouvoirs sacrés africains :
Retour sur une ressource politique universelle

Séance coordonnée par
Christine HENRY, Gilles HOLDER & Henri MÉDARD


Audrey CAROTENUTO (Université de Provence) présentera de 17h30 à 19h30 une :
Approche des résistances serviles dans l’océan Indien : les reconstructions identitaires (XVIII-XIXe siècle)

Dans le cadre du séminaire :

Esclaves et dépendances personnelles en Afrique orientale (XVe-XXe siècle)

organisé par Henri MÉDARD, Franck RAIMBAULT et Thomas VERNET (CEMAf-Paris)

Lieu : CENTRE MALHER
9, rue Malher, 75004 Paris
M° Saint-Paul
Entrée libre