mardi 13 mai 2008

Le colloque de Guelma sur les massacres coloniaux de mai et juin 1945 en Algérie

Compte rendu du colloque de Guelma de mai 2008 par Jean-Louis Planche (jlp7@wanadoo.fr)

Pour la sixième année consécutive, les 6 et 7 mai 2008 s’est tenu à l’Université du 08 mai 1945 à Guelma, ville de 200 000 habitants sise entre Annaba (ex-Bône) et Constantine, un colloque international sur les massacres intervenus en mai et juin 1945 dans l’Algérie alors possession française. Les travaux du colloque se sont tenus dans le grand amphithéâtre d’une université qui, fondée voici à peine 10 ans, compte déjà 20 000 étudiants, demeure en chantier, et s’apprête à doubler son effectif. L’autoroute Est-Ouest qui relie la frontière tunisienne à la frontière marocaine, en voie d’être achevée, passe à 20 kilomètres.
Si le 8 mai est férié en Algérie, depuis qu’en 1962 le pays a recouvré son indépendance, ce n’est pas pour fêter la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais pour célébrer la mémoire des massacres coloniaux qui ont débuté ce jour-là. Commencés à Sétif, à 200 kilomètres, ils n’ont pas épargné Guelma, pourtant ville des plus calmes. On sait aujourd’hui qu’aucune insurrection ne s’est produite. On sait aussi que le bilan des massacres se situe aux alentours de 30 000 Musulmans tués, chiffre de l’Eglise d’Algérie. Commencés le 8 mai, les massacres ont duré en mai et juin, la sécurité des personnes et des biens revenant fin août. Si Guelma n’a pas été la plus touchée (3 000 morts), là les massacres ont été institutionnalisés par les autorités, avec tribunal et milices carmés. C’est la ville sur laquelle les historiens sont le mieux informés, les archives ayant été le mieux conservées.
Depuis six ans Guelma organise, comme Sétif, chaque année un colloque universitaire, afin d’entretenir la recherche et la mémoire, pour, ainsi que le rappelait le recteur Mohammed Nememcha, "transmettre aux générations futures les réalités de ce que fut la colonisation". Particulièrement bien accueillie, une semaine après la déclaration relative aux massacres faite dans cette même université par l’ambassadeur de France à Alger, la délégation française comptait Gilles Manceron, vice-président de la Ligue des Droits de l’Homme, Benjamin Stora et Jean-Louis Planche. François Maylie, grand reporter à l’hebdomadaire Le Point, était également présent. La majorité des communications, ainsi que des débats, s’est faite en arabe, la mise en place d’un équipement de traduction simultanée étant à l’étude, dans une université où les colloques se multiplient.

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