mercredi 5 décembre 2007

"Présidents africains" de Didier Awadi


Le concert donné le 14 octobre au Bataclan visait à présenter un projet né il y a quelques années. Didier Awadi, représentant important du Hip hop venu du Sénégal, avait alors parcouru une partie de l'Afrique (y compris Madagascar) en quête d'artistes désireux de mêler leurs voix à celles de leurs premiers présidents. L'opération visait moins à commémorer les indépendances que d'appeler à un (r)éveil des consciences. Historiens, nous ne pouvons que louer cette initiative politique et esthétique d'appropriation. Au fil du temps, le contenu donné à l'expression "présidents africains" s'est élargi. Car, à côté de chefs de l'Etat à proprement parler (de Modibo Keita à Mandela, mais sans Senghor...), Awadi s'est aussi intéressé à des figures incontournables d'intellectuels africains ou de la diaspora (Cheikh Anta Diop, Malcom X, Martin Luther King, Aimé Césaire). Les choix effectués n'évitent pas toujours le fourre-tout consensuel (afrocentristes, contestaires, nationalistes, altermondialistes peuvent se retrouver à travers les politiques, les penseurs évoqués ou les propos tenus) ou tournent parfois à un inquiétant culte des grands hommes - que la scénographie adoptée amplifie certainement (en réaction, des sifflets se font entendre quand apparaissent des images de Sékou Touré). Malgré ces réserves, notons qu'Awadi, se montre convaincant et cohérent quand, au milieu de musiciens venus d'Afrique francophone (entre autres : Tata Pound, Freddy Massamba, Smokey) et anglophone (Maji Maji, Skwatta Kamp), il n'a plus à proclamer mais à fêter (et nous avec lui) le slogan : "Africa unite". La scène demeurant le lieu magique où l'utopie peut s'incarner.

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