jeudi 20 septembre 2007

Mobilisation contre la xénophobie d'Etat

Le 17 mai 2007, le nouveau Premier ministre François Fillon constituait son gouvernement. Le minsitère de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du codéveloppement a ainsi vu le jour. La naissance de ce ministère a suscité de vives réactions dans une grande partie de l'opinion publique et la presse en raison du rapprochement des concepts d'identité nationale - une identité métissée - et d'immigration. Un collectif de chercheurs et de membres de la société civile ont décidé de se réunir dans une structure provisoirement dénommée "Observatoire de l'institutionnalisation de la xénophobie d'Etat et du MINI". Cette structure tend à dénoncer les excès de la politique migratoire française ainsi qu'à alerter l'opinion. En attendant la constitution officielle de l'Observatoire, nous vous invitons à signer la pétition lancée par les chercheurs sur l'immigration sur le site du réseau TERRA.

Appel du réseau TERRA :
"Identité nationale et immigration : inversons la problématique !

Donnez lui force, signez cet appel et faites le signer !
Publiez le à la Une de votre site, diffusez le sur vos listes de discussion...
En ligne : http://terra.rezo.net/article602.html
Les huit personnalités qui viennent de démissionner du projet de Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI), particulièrement compétentes sur l’histoire de l’immigration mais aussi de l’antisémitisme, du racisme et de la xénophobie, en France, ont rappelé avec raison que la création d’un Ministère associant dans son intitulé identité nationale et immigration « s’inscrit dans la trame d’un discours stigmatisant l’immigration et dans la tradition d’un nationalisme fondé sur la méfiance et l’hostilité aux étrangers, dans les moments de crise ». Nous approuvons également l’Association française des anthropologues lorsqu’elle rappelle que « lorsque l’État s’empare du thème de l’identité nationale, c’est partout une incitation directe au mieux à la xénophobie, au pire à des violences entre groupes d’origines différentes. »

L’invention d’un nouveau Ministère n’est en effet pas un acte neutre mais un acte de gouvernement à forte portée idéologique. Il institutionnalise un système de pensée, légitime les discours et les actes qui s’y réfèrent, tant des fonctionnaires que des citoyens, et active l’action publique dans un sens déterminé. De quel système de pensée procède le positionnement, au plus haut niveau de la hiérarchie symbolique et administrative de l’Etat, de l’identité nationale face à l’immigration, mais aussi face à l’intégration qui concerne tous les étrangers et leurs différences et face au codéveloppement ainsi officiellement réduit à un dispositif antimigratoire ?

Par ce cadrage idéologique et par les politiques qui en résulteront, la création de ce Ministère va enraciner plus encore dans notre culture politique l’opposition entre la question nationale et le fait migratoire. Il risque d’ouvrir une nouvelle page de notre histoire, celle d’un nationalisme d’Etat et d’une xénophobie de gouvernement tendant à stigmatiser l’étranger comme un problème, un risque, voire une menace pour l’intégrité ou l’identité nationale.

Si, au contraire, la finalité politique de ce gouvernement et, plus largement, des élites dirigeantes de ce pays, est de réduire ce risque, il leur incombe alors d’examiner l’hypothèse d’une problématique inversée : s’il y a un problème entre l’immigration et l’identité nationale, il provient de la place qu’occupe aujourd’hui, au terme d’une évolution de plusieurs décennies déjà, l’enjeu national dans les débats politiques. De même que l’antisémitisme ne résultait pas d’un "problème juif", la xénophobie qui s’exprime aujourd’hui ne résulte pas d’un "problème migratoire" mais d’une montée en puissance des idéologies xénophobes dans nos cultures politiques.

Nous appelons par la présente l’ensemble des institutions d’enseignement et de recherche, y compris les professeurs d’écoles, de collèges et de lycées, les revues de sciences humaines et sociales, les journalistes de la presse écrite, de la radio et de la télévision, les organismes de réflexion affiliés à des partis politiques, syndicats et associations à assumer leurs responsabilités intellectuelles dans un tel contexte historique.

Nous les appelons à ouvrir, organiser et animer systématiquement, selon des modalités propres à chacun, un vaste chantier national de recherche, de débat et de réflexion sur les orgines des nationalismes, xénophobies et discriminations ainsi que sur les causes de leurs réapparitions périodiques dans l’histoire de l’humanité. Dans les cinq ans qui viennent il conviendra d’analyser particulièrement le rôle que peuvent jouer les institutions publiques dans l’exacerbation de ces phénomènes sociaux.

Signalez votre site ou, si vous n’en avez pas, celui que vous conseillez de visiter aux autres signataires de cet appel
".

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